Nous demandons une architecture réparatrice pour les personnes noires résidant dans le quartier de Little Jamaica, à Toronto, qui ont été déplacées ou qui sont à risque de l’être en raison de l’embourgeoisement mené par l’État. Nous demandons à l’État d’indemniser les personnes touchées en finançant des fiducies foncières qui bénéficient à la communauté et qui sont dirigées par des personnes noires afin d’appuyer la création de logements et d’espaces commerciaux abordables dans le quartier.
Toronto
Keele Eglinton Residents
SOCA (Studio of Contemporary Architecture)
CP Planning (Community in Public)
L’architecture réparatrice est une forme de conception équitable qui reconnaît que les politiques récentes et historiques ont souvent été inéquitables et néfastes, et qui exige une responsabilisation qui prend la forme d’indemnisations permettant la reconstruction de communautés dynamiques sur les plans culturel et économique. Dans le cas du quartier torontois de Little Jamaica, une architecture réparatrice est nécessaire pour atténuer les dommages causés par le racisme systémique contre les personnes noires ayant découlé de projets d’infrastructure dirigés par le gouvernement, qui ont mené au déplacement de ces personnes et empêché les communautés noires d’améliorer leur sécurité en matière de logement.
Les communautés noires ont été particulièrement vulnérables aux déplacements et à l’effacement causés par des actes de racisme les ciblant particulièrement. Comme le décrit Ted Rutland dans son ouvrage Displacing Blackness et comme l’a exploré Stephane Allen dans Fight the Power, cette situation a fait en sorte que les intérêts des autres l’ont toujours emporté sur les nôtres. Little Jamaica, qui longe l’avenue Eglinton Ouest, est l’une de ces communautés qui ont subi les conséquences désastreuses des déplacements, de l’effacement culturel et du déclin économique occasionnés par la construction d’un nouveau corridor du système léger sur rail (SLR). Le projet, qui a duré plus d’une décennie, est devenu une plaie municipale et a donné lieu à une perte de commerces du détail viables, de logements abordables et d’infrastructures culturelles dans le quartier. La voie du SLR n’est toutefois pas la seule responsable de ces déplacements. Le zonage et les politiques de planification de Toronto, qui visent le réaménagement de rues principales et la protection de quartiers résidentiels de maisons unifamiliales, contribuent également au problème.
Dans Little Jamaica, les trois ordres de gouvernement ont décidé d’investir des milliards de dollars dans le transport en commun le long de notre artère, tout en ignorant les communautés noires qui demandent des logements abordables et de l’aide dans leurs efforts continus afin d’accroître l’accès à la propriété dans le quartier. Faisant la sourde d’oreille, les gouvernements ont plutôt investi les fonds publics dans des projets d’infrastructures qui ont haussé la valeur des propriétés et enrichi les propriétaires mêmes qui profitent de nos loyers depuis des générations.
Une architecture réparatrice assurera le logement sans effacement, selon le principe voulant que le logement fasse partie d’un écosystème communautaire intrinsèquement lié à la vie commerciale et récréative d’un quartier et aux diverses composantes importantes qui en font la vitalité.
En collaboration avec les résidentes et résidents du quartier, nous réclamons des changements aux lignes directrices torontoises sur les bâtiments de moyenne hauteur afin de favoriser la densification des petits lots sur les avenues, assurant la survie des commerces existants. Nous demandons également une plus grande densification des quartiers de maisons unifamiliales en permettant des usages mixtes aussi bien sur les rues que dans les ruelles, afin d’inciter la création de logements et de commerces abordables. Des fiducies foncières pour la communauté, dirigées par des personnes noires et créées grâce à cette initiative ne permettront pas seulement de fournir des espaces stables et abordables aux résidentes et résidents, mais aussi de perpétuer le riche héritage du caractère culturel unique de Little Jamaica.
« Le terme “réparation” est utilisé pour décrire les mesures corrigeant des injustices passées associées à une forme de discrimination, d’exclusion ou de violence à l’encontre d’un groupe de personnes. Elle peut prendre diverses formes (excuses ou compensation financière), et est de préférence déterminée par les corps législatifs et non par le système judiciaire. Après l’abolition de l’esclavage, les personnes afrodescendantes se sont battues pour obtenir réparation… et pourtant, ce sont les anciens esclavagistes qui ont reçu une compensation de l’État pour la perte de leurs avantages financiers… »
– Stephanie Allen, Fight the Power: Redressing Displacement and Building a Just City for Black Lives in Vancouver, 2019.
Cheryll Case | ||||
Leighana Mais | ||||
Tura Cousins Wilson | ||||
Shane Laptiste |
Nous sommes Architects Against Housing Alienation (AAHA) et nous croyons que le système du logement actuel au c\a\n\a\d\a doit être aboli!